Le numérique à l’école

Chaque rentrée scolaire amène son lot de débats passionnés sur la place du numérique...
2025-09-01T00:00:00+02:00

Chaque rentrée scolaire amène son lot de débats passionnés sur la place du numérique dans l’éducation. Faut-il équiper chaque élève d’une tablette ? Multiplier les plateformes pédagogiques en ligne ? Généraliser les cahiers numériques et les manuels interactifs ? Ou, au contraire, préserver à tout prix le temps de lecture, d’écriture manuscrite et de travail collectif sans écran ?

 

La question n’est pas nouvelle, mais elle prend une résonance particulière aujourd’hui, à l’heure où le numérique s’est imposé dans nos vies comme un outil incontournable — parfois même envahissant. Dans l’émission Le Débat de la Grande Matinale de France Inter du 1er septembre 2025, enseignants, chercheurs et parents d’élèves ont confronté leurs points de vue sur ce sujet brûlant.

 

Chez Jomobox.fr, comme chez nos partenaires de Telecoop, nous souhaitons aborder ce débat avec un regard engagé : celui de la sobriété numérique, de la pédagogie consciente, de l’esprit coopératif et de l’engagement éthique. Car il ne s’agit pas seulement de savoir si les écrans doivent entrer dans les classes, mais comment et pourquoi nous voulons leur faire une place dans l’éducation de nos enfants.

 

L’école face à la promesse technologique

Depuis une quinzaine d’années, les pouvoirs publics et de nombreux industriels présentent le numérique comme une promesse : celle d’une école modernisée, connectée, capable de préparer les élèves aux métiers de demain. Des plans nationaux d’équipement en tablettes aux ENT (espaces numériques de travail), en passant par les logiciels de suivi pédagogique, l’injonction à « numériser » l’école semble aller de soi.

 

Les arguments avancés sont connus :

  • motiver les élèves grâce à des supports ludiques,
  • diversifier les méthodes pédagogiques,
  • réduire les inégalités d’accès au savoir,
  • familiariser les jeunes avec les outils qu’ils utiliseront plus tard dans leur vie professionnelle.

Ces promesses séduisent, mais elles laissent aussi place à des doutes. Car les études scientifiques montrent des résultats mitigés. Les tablettes peuvent renforcer l’attention… ou au contraire la disperser. Les logiciels éducatifs peuvent stimuler la curiosité… mais aussi renforcer des logiques de consommation de contenus.

Le numérique, à lui seul, n’est ni miracle ni menace. Tout dépend de la manière dont il est introduit et utilisé.

 

Sobriété numérique : une boussole pour l’école

Chez Jomobox.fr, nous défendons une idée simple : la sobriété numérique n’est pas un frein, mais une boussole. Il ne s’agit pas d’interdire les outils numériques, mais de se demander à quoi ils servent vraiment dans le cadre éducatif.

 

Quelques principes de sobriété numérique appliqués à l’école :

 

  • Limiter les usages superflus : une tablette ne remplace pas un cahier d’écriture, mais peut être utile pour consulter une encyclopédie interactive ou préparer un exposé collectif.
    Privilégier des solutions ouvertes et durables : plutôt que des logiciels propriétaires gourmands en ressources, pourquoi ne pas favoriser des outils libres, mutualisés et conçus pour durer ?
  • Mesurer l’empreinte écologique : chaque serveur, chaque mise à jour, chaque écran a un coût énergétique. L’école, lieu d’apprentissage de la citoyenneté, peut être un exemple en privilégiant des choix numériques éthiques et responsables.
  • Donner l’exemple d’un usage tempéré : l’enfant apprend moins par ce qu’on lui dit que par ce qu’il voit. Si l’école promeut un usage équilibré du numérique, elle contribue à construire une génération plus consciente.

La sobriété numérique à l’école, ce n’est pas revenir en arrière : c’est choisir avec discernement.

 

La “pause numérique” : un signal fort du gouvernement

La rentrée 2025 a marqué un tournant avec l’instauration par le gouvernement d’une “pause numérique” à l’école primaire. Concrètement, il s’agit de suspendre l’introduction de nouveaux équipements numériques individuels (comme les tablettes ou ordinateurs portables) pendant plusieurs années, afin d’évaluer leur impact réel sur les apprentissages. Cette décision, issue d’un constat partagé entre chercheurs, enseignants et médecins, reconnaît que les écrans ne sont pas une solution éducative en soi et qu’ils doivent être utilisés avec précaution. Cette pause n’est pas un retour en arrière, mais une invitation à réfléchir collectivement : quels usages numériques sont réellement utiles aux élèves ? Quels outils favorisent l’autonomie et la créativité, sans nuire à la concentration ni à la santé ? Dans l’esprit de la sobriété numérique, cette démarche donne le temps de questionner les choix technologiques de l’école et de les aligner avec des valeurs éducatives, écologiques et éthiques.

 

Pédagogie consciente : l’écran comme outil, pas comme horizon

La pédagogie consciente, c’est replacer l’élève au cœur de l’apprentissage et interroger le sens de chaque outil.

Un cahier papier stimule la mémoire différemment d’une saisie sur clavier. L’écriture manuscrite favorise l’ancrage, la concentration et la motricité fine. Supprimer trop tôt ces exercices serait un appauvrissement.


Un écran favorise la rapidité d’accès aux informations, mais pas toujours leur assimilation. Sans esprit critique, la masse d’informations disponibles peut devenir source de confusion.
Les interactions humaines restent irremplaçables : aucune tablette ne remplacera un enseignant attentif, un camarade qui explique, un groupe qui coopère.

 

La pédagogie consciente, c’est donc savoir dire « oui » au numérique quand il enrichit l’expérience d’apprentissage, et « non » lorsqu’il n’est qu’un gadget ou une distraction.

 

Esprit coopératif : construire l’école numérique avec, et non contre, les acteurs 

 

Trop souvent, les politiques numériques à l’école sont décidées en haut lieu, sans concertation réelle avec les enseignants, les parents et les élèves eux-mêmes.

Or, un numérique sobre et intelligent ne peut se construire que dans un esprit coopératif. Cela suppose :

  • d'impliquer les enseignants dans le choix des outils, car ce sont eux qui en connaissent la pertinence en classe,
  • d'associer les parents, qui voient aussi les effets des écrans à la maison,
  • d'écouter les élèves, qui sont les premiers concernés et peuvent exprimer leurs besoins réels.

Cet esprit coopératif peut aussi s’incarner dans des projets collectifs : créer un blog de classe, développer un podcast scolaire, coder un petit jeu éducatif en groupe. Le numérique devient alors un prétexte pour apprendre ensemble, pas une injonction individuelle.

 

Engagement éthique : quel numérique voulons-nous transmettre ?

Enfin, l’école a une responsabilité éthique dans le rapport au numérique.

 

Faut-il habituer les enfants à dépendre des grandes plateformes privées, qui captent leurs données et dictent leurs usages ? Ou faut-il leur apprendre l’existence d’alternatives éthiques, ouvertes et coopératives ?

 

L’école, en choisissant ses partenaires technologiques, envoie un message fort. Préférer un logiciel libre à une application commerciale, c’est déjà un acte éducatif. Sensibiliser les élèves à la protection des données personnelles, à l’empreinte carbone du numérique, c’est les préparer à être des citoyens responsables.

 

Numérique à l’école : les lignes de tension

 

Le débat de France Inter du 1 septembre a mis en évidence plusieurs tensions qui traversent la société :

  • Inclusion vs. surcharge : le numérique peut réduire certaines inégalités (accès à l’information), mais il peut aussi en créer d’autres (fracture numérique, dépendance aux écrans).
  • Innovation vs. tradition : comment intégrer les nouvelles technologies sans sacrifier les fondamentaux de la lecture, de l’écriture et du calcul ?
  • Autonomie vs. dépendance : le numérique peut donner aux élèves des outils pour apprendre par eux-mêmes, mais il peut aussi les rendre dépendants de solutions extérieures.

Ces tensions ne se résolvent pas par des slogans (« pour » ou « contre » le numérique), mais par un travail patient d’équilibre et de discernement.

 

Vers une école de la sobriété numérique

Imaginer l’école de demain, c’est imaginer une école qui ne cède ni au tout-écran, ni à la nostalgie du passé. C’est inventer une pédagogie où le numérique trouve sa juste place, aux côtés des livres, des cahiers, des discussions en classe, des sorties sur le terrain.

Une école où :

  • les écrans sont des fenêtres, pas des murs,
  • la coopération prime sur la consommation,
  • l’esprit critique est valorisé autant que les compétences techniques,
  • l’écologie et l’éthique guident les choix technologiques.

choisir ensemble, apprendre ensemble

 

Le débat sur le numérique à l’école ne sera jamais clos, et c’est tant mieux. Il oblige à se poser des questions essentielles : qu’apprenons-nous à nos enfants, et dans quel monde voulons-nous les préparer à vivre ?

 

La réponse ne viendra pas d’une circulaire ministérielle ou d’une innovation miracle. Elle viendra de la capacité des enseignants, des parents, des élèves et de la société dans son ensemble à réfléchir ensemble, à expérimenter, à corriger, à inventer.

 

Chez Jomobox.fr et Telecoop, nous croyons que l’avenir de l’éducation passe par cette démarche collective et consciente. Le numérique peut y jouer un rôle, à condition de rester un outil au service de l’humain — et non l’inverse.

 

C’est là, sans doute, la plus belle leçon que l’école puisse transmettre : savoir choisir, avec discernement, sobriété et solidarité, le monde numérique que nous voulons bâtir.